Le Randonneur

Rencontre de Bellême (Orne)

Compte-rendu de la rencontre à Bellême dans le Perche -16,17 et18 septembre 2016

 

Bellême septembre 2016Elles (et ils) sont venus à 25 des 4 coins de l’hexagone : des Chtis, des Occitans, des Pictocharentais, des Bretons et des Lorrains, sans compter les Franciliens et les Normands. Certains ont poussé le courage jusqu’à trimballer leurs « impedimenta » du parfait voyageur autonome depuis leur lieu de vie.

Les parcours alternaient des paysages changeants sans être vraiment plats et l’automne proche commençait à roussir les feuilles.

La statue de colin-maillard à Bellême, point de départ de nos randonnées, était à peine visible cachée par les  randonneuses de tous types et tous âges : la diversité est notre force, presque notre orgueil.

L’Huisne n’est qu’un modeste ruisseau au pont Catinat de Mauve-sur-Huisne. Il serpentera encore plus de 100 km  avant de rejoindre la rivière Sarthe au Mans.

La majestueuse basilique néogothique de La Chapelle-Montligeon (1878) doit sa création au curé du lieu désireux de contribuer à « racheter » les âmes du Purgatoire. Le Concile de Vatican 2 ayant  fait un sort à cette croyance  il reste cependant un lieu de pèlerinage actif. Ses vitraux colorés et ses mosaïques de style  art déco sont d’un bel effet.

Les chênes bicentenaires de la  forêt domaniale de Reno-Valdieu,  autrefois entretenue par les Chartreux, nous baignent de verts de toutes nuances.

Les arrêts sont multiples car c’est le week-end des Journées du Patrimoine : impossible de visiter toutes les chapelles, églises, manoirs ouverts… il aurait fallu une semaine. Citons cependant celui de Maison- Maugis (milieu XVIème) avec son corps de logis rectangulaire à hauts pignons flanqué de tours et tourelles en encorbellement, ses deux pavillons à la Mansart et sa grille en fer forgé. Une allée de marronniers conduit au village où le « multi services » à l’ancienne, bien que fermé, nous sert un bon café.

Le manoir de la Moussetière encadré de hauts murs mais visible de la route est délaissé pour rejoindre celui de Courboyer, siège du Parc Régional du Perche et centre d’élevage de percherons ; ainsi Richard, l’un des nôtres, a pu constater la robustesse de ce cheval qui était expédié outre-Atlantique avant l’avènement des tracteurs.

En fin de journée au camping une bonne bolée de cidre attire un cyclotouriste qui souhaite se joindre à nous pour les jours suivants. Il voyage sur une remarquable bicyclette Motobécane des années 60 et il a été animateur de spectacles, une sorte de troubadour, car spécialiste de la musique médiévale.
Bellême septembre 2016Bellême septembre 2016

 

 

 

 

 

 

 

 


Le lendemain est pour moi une vraie  « madeleine de Proust » : j’ai parcouru pendant plus de vingt ans ces routes du  pays de mon épouse. Les lieux traversés font ressurgir de ma mémoire des temps de ma maturité à vélo : je roulais en une matinée ce que nous avons fait en une journée.

Arrêt aux prieurés de Dame Marie et de Sainte Gauburge où un vannier moderne confectionne de curieux paniers mais je découvre que l’énorme écrasoir à pommes (c’est la richesse du pays), avec sa piste en pierre, a curieusement disparu.

Les manoirs se succèdent sans avoir le temps d’y entrer : la Lubinière, la Tarainière, la Gauberdière anciennes demeures de propriétaires terriens ou de bourgeois enrichis mais n’ayant pas de quartiers de noblesse pour qu’ils soient appelés châteaux.

Le dolmen de la Pierre Procureuse, sépulture collective vieille de 4 000 ans, rend encore témoignage par son nom : on y rendait la justice au Moyen Âge. Mais c’est déjà le moment de séparation pour ceux que le devoir professionnel appelle le lundi et nos amis avranchins, Brigitte et Marc, sont attendus par leurs élèves.
Bellême septembre 2016
L’église de Gémages au curieux clocher semblable à un donjon possède des peintures murales du XVIème. Le manoir de la Fresnaye a subi de multiples modifications au cours de son histoire : d’un corps de logis à plan carré du XVIème il est devenu un lieu de vie avec sa galerie de style renaissance et sa demi grosse tour carrée d’habitation. La petite église romane de Marcilly toute proche a un porche avec une curieuse arcature en dents de scie.

Le dernier jour le groupe s’est un peu clairsemé et les manoirs se sont bien cachés. Le plan d’eau de Pervenchères nous accueille. La pause café à La Perrière nous fait découvrir un resto brocante avec son exposition de percolateurs et autres cafetières. Le village est juché sur une barre rocheuse inhabituelle et fut autrefois un centre important de crochetage  de « dentelles au filet » qui servaient de rideaux ornant les fenêtres.

Une dernière halte dans la traversée de la Forêt de Bellême et la traditionnelle photo du groupe au pied du chêne de l’École clôturent ces trois jours d’amitié.

Cette rencontre a été pour la plupart une véritable découverte de cette région méconnue et pour moi un retour dans le passé.

Gilbert PELLOUX

Toutes les photos sont ici.